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Témoignage d'un démissionnaire : http://www.20minutes.fr/societe/1990295 … pete-cable
"Les hommes naissent libres et égaux en droit. Après ils se démerdent". Jean Yanne.
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2- Concernant les capacités de concentration (on va dire la capacité d'attention disponible pour apprendre), si celle ci est moindre aujourd'hui, à quoi cela est il du? A un manque d'éducation parentale? A un problème de discipline en milieu scolaire? A la qualité de l'emballage pédagogique?
Pour connaître 3-4 profs (instits et prof de lycée), le constat est le même. Problème avant tout d'éducation parentale. Un trop grand laxisme et quand les profs veulent y remédier, ils se font taper sur les doigts par les parents. Quand tes parents te font croire que tout est permis, et bien les gamins le pensent et surtout l'appliquent.
Ce qui me gène dans le système éducatif, c'est comme le souligne AA (et Tic qui est plus ancien aura plus de vécu), c'est que ça a marché et que ça ne marche plus. Et il me semble qu'avant, il y avait plus de chance quand tu venais d'un milieu défavorisé de gravir quelques échelons que maintenant.
Juste AA et Tic, votre avis sur les devoirs à la maison. Moi je suis pour le rétablissement. Ils ont été supprimés. Moi je trouve ça dommage et je m'explique. Tes parents ont un certains niveau, ils te feront faire des devoirs, sauront qu'est ce que tu peux faire ou ne pas faire, sauront te corriger. Si tes parents n'ont pas des connaissances suffisantes, et bien ils ne pourront pas te faire bosser davantage. Au moins si l'instit impose des exercices à tous les élèves, ils seront tous occupés aux mêmes devoirs,
"Le public sera moins présent la saison prochaine
d'où les interrogations ce matin sur la presse
Il y a pas mal de déçus et c'est bien normal"
Yvanov le 6 juin 2025
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Plus de devoirs à la maison ? A quel niveau ?
Bon sinon l'innovation pédagogique n'est pas l'apanage de l'EN ni même de la France. A vrai dire, les anglo-saxons sont largement précurseurs en la matière et c'est par le biais des grandes écoles, notamment de commerce, que ces innovations pédagogiques sont apparues en France.
Toute grande école qui se respecte a aujourd'hui son "ingénieur pédagogique".
A vrai dire, ça n'y marche pas trop mal... Mais le capital culturel moyen n'est évidemment pas le même que dans une école primaire du 93 avec 90% de non francophones...
En cela, la liberté accordée au chef d'établissement me semble intelligente, même si elle peut sembler rompre avec le principe républicain d'égalité.
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Juste AA et Tic, votre avis sur les devoirs à la maison. Moi je suis pour le rétablissement. Ils ont été supprimés.
Je suis dans le bazar depuis 1977 (le premier degré, je répète) et les devoirs (écrits, s'entend) ont toujours été "interdits". Le reste (les trucs à apprendre), ça s'appelle les leçons, et ça c'est toujours d'actualité.
Le fameux devoirs écrits ne sont pas du tout interdits, en fait : c'est leur caractère obligatoire qui l'est. Rien n'empêche de leur en donner, c'est les sanctionner pour ne pas les avoir faits qu'on n'a pas le droit de faire, nuance. ![]()
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Plus de devoirs à la maison ? A quel niveau ?
Tiens je viens juste d'avoir un retour. 2h de devoirs sur 2 semaines de vacances, c'est trop selon les parents pour des élèves en CE2.
Quand j'étais à l'école primaire, c'était 1h de devoirs tous les soirs, entre les lectures, les exercices écrits.
On se demande si ça emmerde plus les parents que les enfants de bosser pour acquérir des connaissances.
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Yvanov le 6 juin 2025
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cece19 a écrit :Juste AA et Tic, votre avis sur les devoirs à la maison. Moi je suis pour le rétablissement. Ils ont été supprimés.
Je suis dans le bazar depuis 1977 (le premier degré, je répète) et les devoirs (écrits, s'entend) ont toujours été "interdits". Le reste (les trucs à apprendre), ça s'appelle les leçons, et ça c'est toujours d'actualité.
Le fameux devoirs écrits ne sont pas du tout interdits, en fait : c'est leur caractère obligatoire qui l'est. Rien n'empêche de leur en donner, c'est les sanctionner pour ne pas les avoir faits qu'on n'a pas le droit de faire, nuance.
Oui c'est bien ça le problème. Avant tu ne faisais pas tes devoirs, le prof te filait une punition. Et tu reprenais la même à la maison. Maintenant, si le prof te fait les exo en double, les parents viennent râler que ce n'est pas normal, qu'ils avaient piscine.
Non mais sans déconner, il vaudrait pas mieux les obliger à bosser le soir, au lieu d'être devant la télé à regarder des conneries (bon moi je faisais les devoirs devant les dessins animés
).
Et comme je le disais, je trouve ça beaucoup plus égalitaire car certains parents qui aimeraient faire bosser davantage leurs enfants, ne le peuvent pas car ils ont leur propre limite.
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Yvanov le 6 juin 2025
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Ca s'appelle le libertarisme.
T'es libre de tout, y compris de naître et rester inculte.
Or comme l'être humain est intrinséquement fainéant, il préférera toujours la prime ignorance au savoir abrupt s'il n'est pas contraint d'apprendre.
On retrouve ici exactement l'idée de paideia développée par les Grecs et reprise par Nietzsche à travers son concept de Culture.
Pour se forcer à penser, l'homme a besoin de la Culture qui est essentiellement dressage et sélection. C'est une violence subie par la pensée, un dressage mettant en jeu tout l'inconscient du penseur.
Je ne sais plus si c'est Nietzsche ou Deleuze en reprenant Nietzsche qui a dit: "Nous ne penserons pas tant qu'on ne nous forcera pas à pas à aller là où sont des vérités qui donnent à penser, là où s'exercent les forces qui a font de la pensée qqch d'actif (actif au sens nietzschéen). Non pas une méthode qui suppose une bonne volonté du penseur mais une paideia, une formatio, une Culture.
Et de conclure, en bonus: "A nous d'aller dans les lieux extrêmes, aux heures extrêmes, où vivent et se lèvent les vérités les plus hautes, les plus profondes. Les lieux de la pensée sont les zones tropicales, hantées par l'homme tropical et pas les zones tempérées ni l'homme moral, méthodique, modéré".
A travers l'éducation, on retrouve notre projet de société. Notre projet de société est encore aujourd'hui un projet libertaire, où l'homme est considéré comme bon et libre de tout à l'origine.
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Libertaire ou libéral, des fois on s'y perd.
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C'est le paradoxe, l'EN a encouragé à supprimer les devoirs à la maison par souci d'égalité puisque les enfants dont les parents ne peuvent les aider partent effectivement avec un désavantage. Sauf qu'ils ne se sont pas dit que quoi qu'il en soit, ceux de bonnes familles seraient tout de mêmes aidés de toute façon.
L'idée de départ n'est pas si bête, c'est à dire que ça force les profs à faire tout le travail à l'école et à ne pas se reposer sur les devoirs à la maison pour combler les lacunes. Sauf qu'au final, effectivement, ça creuse encore plus l'écart et abaisse le niveau général.
Pour l'anecdote, les devoirs à la maison sont interdits depuis... 1956!
Donc leur suppression est une belle connerie, mais elle n'est quasi pas mise en oeuvre.
Béria, pour sortir de ce merdier, je crains qu'il n'y ait plus rien à faire, c'est trop tard. Il faudrait toutefois:
-effectuer une formation digne de ce nom pour les nouveaux enseignants (en Finlande, elle dure 5 ans, avec observation, tuteurs, un vrai travail de fond!).
S'assurer que les enseignants soient bien dans leur peau pour faire ce métier. On a beau jeu de parler des démissions, mais le plus inquiétant pour moi n'est pas cela, c'est surtout tous les enseignants qui sont très, très mal dans leur job, qui ne peuvent pas démissionner au vu de leur situation, et qui sont des catastrophes ambulantes.
Diminuer les tâches administratives absurdes, les RDV pour les élèves à problèmes etc. me semble indispensable.
-changer les mentalités des parents afin qu'ils comprennent qu'ils fasse accepter à leurs enfants l'autorité de l'enseignant (impossible pour beaucoup d'entre eux, je pense à mes collègues de banlieue mais pas que, j'avais un collège au pont cardinal l'an dernier qui avait des gosses de CSP +++ qui étaient de vrais enflures).
Les parents doivent aussi prendre part comme on vient de le dire aux devoirs maison, pas forcément leur faire faire, ce qui prend du temps, mais s'assurer qu'ils soient faits. Faire des heures de soutiens dignes de ce nom après la classe ne me parait pas une mauvaise idée pour les plus en difficultés. C'est chiant pour les gosses mais c'est pour leur bien!
-Assurer une réelle liberté pédagogique pour les enseignants, c'est à dire ne pas les obliger à faire faire des dessins de triangles au tableau ou partir à la pêche au terminaisons dans un texte en conjugaison si ça leur parait inefficace.
-Faire de la maternelle une priorité, avec de très petits effectifs, qui permet notamment aux enfants de prolo et ceux d'origine étrangère d'avoir les bases en français.
-Faire de l'apprentissage du français LA priorité, puisque rien n'est possible sans cela. Diminuer pour cela les heures en arts, éducation civique et EPS. L'activité sportive est essentielle pour les gosses, pour leur santé, mais ce n'est pas à l'école à faire ce job.
Garder des bases très importantes en éducation civique, c'est indispensable, mais on a souvent des tas de choses parfaitement inutiles.
L'art, c'est formidable, mais on peut bien sucrer 30min par semaine pour apprendre à lire.
Je ne me prononce pas sur le secondaire où il y a sûrement des tas de choses à modifier, notamment sur la discipline!
J'ajoute tout de même qu'il ne faut pas être fermé sur la pédagogie, on a par exemple des travaux avec des résultats apparemment extraordinaires faits par Céline Alvarez dans une école avec un public défavorisé (mais avec aussi des moyens extraordinaires pour elle en terme de matériel vu qu'elle participait à une sorte d'expérience). A un niveau national, ça couterait extrêmement cher, c'est sûr. Mais n'est ce pas un investissement intéressant sur le très long terme au vu des ravages que font une jeunesse sans éducation?
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Tu as du faire khâgne Lespaul, je me trompe? ![]()
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Cagnes sur mer ? ![]()
"Si je n'avais pas eu mon nez, je l'aurais pris en pleine gueule" Walter Spanghero .
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Tu as du faire khâgne Lespaul, je me trompe?
Tout ça parce que j'ai des gros nichons ? ![]()
Mais non, point de khâgne pour moi!
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AA ton discours est quand même encourageant. Tu es un jeune prof et pas encore dégoûté donc un grand respect. Mais l'éducation souffre de beaucoup de maux j'ai l'impression (et notamment sa gestion bureaucratique et compinage avec l'inspection académique).
C'est un métier que j'ai hésité à faire (ou carrément educ jeune ou spé). Mais vu tout le retour des relations avec les parents et élèves, ça refroidit beaucoup.
Tiens dans ton message, tu parles du soutien pour les enfants en difficulté, que c'est chiant pour eux mais pour leur bien. Sauf que pour certains parents, faire faire plus de boulot à des enfants déjà en difficulté ce n'est pas normal. Alors que comme toi je trouve ça d'une logique imparable. Encore une fois, avant si à la fin de la journée, tu n'avais pas assimilé (rien qu'au cp pour savoir écrire les lettres), et bien tu faisais des lignes chez toi pour que le lendemain tu repartes au même niveau que les copains. Maintenant c'est considéré comme une punition au lieu d'un bonus.
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d'où les interrogations ce matin sur la presse
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Yvanov le 6 juin 2025
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Je viens de démissionner au bout d'un an Cece...!
Je suis terriblement pessimiste, d'où mon constat de mon message de hier.
Le nombre de mes jeunes collègues qui a déjà envie de partir est énorme, c'est effrayant.
Le pire a été pour moi la hiérarchie, les enflures de la pire espèce qui soit
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Or comme l'être humain est intrinséquement fainéant, il préférera toujours la prime ignorance au savoir abrupt s'il n'est pas contraint d'apprendre.
Parle pour toi mon p'tit père!
Au-delà du fait qu'une généralité n'a jamais permis d'étayer une démonstration, ta sentence méconnaît allègrement des millions d'années d'évolution. Ou alors, on m'aurait menti sur le sens du mot "fainéant"!
En revanche, je t'accorde que l'inconfort vient avec la pensée et que sortir de l'ignorance nécessite des efforts qui te te tirent de ta torpeur pour te plonger dans un grand bain d'intranquilité. Mais je ne vois pas ce que ça vient faire dans ce débat.
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Je viens de démissionner au bout d'un an Cece...!
Je suis terriblement pessimiste, d'où mon constat de mon message de hier.
Le nombre de mes jeunes collègues qui a déjà envie de partir est énorme, c'est effrayant.Le pire a été pour moi la hiérarchie, les enflures de la pire espèce qui soit
Connerie Alphonse d'avoir démissionné. Enfin je pense. Sur la hiérarchie j'ai peur d'avoir le même constat que toi. Quand j'entends les magouilles sur le mouvement avec des postes qui apparaissent, disparaissent au premier, deuxième, troisième mouvement.
Surtoutnmais comme dans beaucoupcde métier, la prime à la médiocrité. Les bons vu qu'ils sont bons doivent se coltiner toit le temps le sal boulot (et souvent quand tu es bon tu es bien gentil donc ne dis rien) et:les mauvais n'ont le placou tranquille pour pas s'emmerder.
Tu vas rester dans le domaine avec les gosses ou changer complètement de voie?
On est en train de bousiler le système car ceux qui viennet pour la place, eux restent car ils s'en foutent de faire de la merde. Et ceux à qui ça tient à coeur de faire du bon boulot se barrent car il voient que c'est quasi impossible de faire le job qu'on croyait faire.
Pourtant le master obligatoire avait peut être permis de faire un tri avec les glandouillards car il faut quand même se taper 5 ans d'étude. Alors qu'avant 3 suffisaient (pour tic, il suffisait d'avoir le bepc
)
Dans ta formation, tu avais quoi comme enseignement? Beaucoup de cours sur le contenu? Sur la façon de transmettre les connaissances? Car j'avais été surpris de voir qu'on n'apprenait pas aux profs à enseigner, en tout cas quasiment pas. Qu'avoir les connaissances suffisait pour pouvoir les transmettre.
"Le public sera moins présent la saison prochaine
d'où les interrogations ce matin sur la presse
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Yvanov le 6 juin 2025
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Humain, trop humain... Tu n'as même pas fait l'effort de chercher à comprendre... ![]()
Je ne vois pas ce que le processus d'évolution vient faire là-dedans ? L'être humain est intellectuellement fainéant oui. Les activités physiques ne cadrent pas vraiment avec le sujet ici.
Et, d'un point de vue de l'évolution des connaissances humaines, il y a eu plus de progrès en 150 ans d'histoire moderne qu'en x millions d'années d'existence de l'homme sur terre.
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Et ceux à qui ça tient à coeur de faire du bon boulot se barrent car il voient que c'est quasi impossible de faire le job qu'on croyait faire.
La pression est forte sur les stagiaires, mais si tu as pu t'en sortir, en donnant le change, par exemple, une fois que tu es titulaire, si tu veux enseigner de manière traditionnelle, personne ne viendra t'emmerder.
(pour tic, il suffisait d'avoir le bepc
)
Pour moi, le bac, cece, le bac.
Mais bon, le bac de 77, hein...
Beaucoup de cours sur le contenu? Sur la façon de transmettre les connaissances? Car j'avais été surpris de voir qu'on n'apprenait pas aux profs à enseigner, en tout cas quasiment pas. Qu'avoir les connaissances suffisait pour pouvoir les transmettre.
Ni l'un, ni l'autre. Enfin, si, la manière d'"enseigner" qu'il prônent. ![]()
Et pour ce qui est des connaissances, c'est pas leur Master 12 qui les fait maîtriser la grammaire, la conjugaison ou l'orthographe par exemple...
Bon, y en a aussi des compétents, des nouveaux, quand même... ![]()
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cece19 a écrit :Et ceux à qui ça tient à coeur de faire du bon boulot se barrent car il voient que c'est quasi impossible de faire le job qu'on croyait faire.
La pression est forte sur les stagiaires, mais si tu as pu t'en sortir, en donnant le change, par exemple, une fois que tu es titulaire, si tu veux enseigner de manière traditionnelle, personne ne viendra t'emmerder.
Sauf que les conditions dans lesquelles tu bosses, l'environnement avec les parents, la hiérarchie tout de même, ça peut vite te dégoûter.
Le plus triste c'est quand j'entends des instits du public me dire que s'ils ont des enfants, c'est direct dans le privé. C'est qu'il y a quand même des choses qui clochent et que ça va mal pour en arriver là. Car ils estiment que l'enseignement dans le privé est meilleur que dans le :public. Alors qu'il y a 20 ans, quand on retrouvait au collège ou lycée des élèves du privé on ne voyait pas de différence au contraire j'avais plutôt l'impression que ceux venant de public avaient parfois un niveau plus élevé.
"Le public sera moins présent la saison prochaine
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Yvanov le 6 juin 2025
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Humain, trop humain... Tu n'as même pas fait l'effort de chercher à comprendre...
Je ne vois pas ce que le processus d'évolution vient faire là-dedans ? L'être humain est intellectuellement fainéant oui. Les activités physiques ne cadrent pas vraiment avec le sujet ici.
Et, d'un point de vue de l'évolution des connaissances humaines, il y a eu plus de progrès en 150 ans d'histoire moderne qu'en x millions d'années d'existence de l'homme sur terre.
Peut être parce que l'évolution ne se résume pas à l'effort physique? Peut être parce que ce sont des processus mécaniques et biologiques (physiques) qui ont finalement permis à l'homme de quitter l'"état de nature" pour entrer dans la culture (métaphysique)?
La fainéantise intellectuelle intrinsèque de l'homme est une connerie et n'a absolument rien à voir avec l'accélération des découvertes de ces dernières décennies (ou la "stagnation" des siècles précédents). Peut-être faudrait-il se tourner vers la politique (au sens de pratique du pouvoir) pour avoir un début d'explication...?
Dernière modification par Raymundo Menech (2017-01-06 07:40:47)
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Ben Alphonse, ton diagnostic me semble bien pesé... Tu devrais peut être postuler au poste de ministre de l'IP (Instruction Publique), cela serait une belle reconversion ![]()
Les glaçons? Des petits cubes d'eau gelée.
On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher.
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Argumentation très étayée Raymundo!
Je t'invite à lire le très bon Victoires et déboires de Paul Bairoch. Historiographie sociale et économique du monde du 16e aux années Chirac, en quelques milliers de pages.
Bairoch y identifie 7 facteurs simultanés explicatifs du phénomène d'accélération sociale et économique observé dans la première moitié du 19e en Europe. Les deux plus importants sont la religion (protestantisme en l'occurrence) et le système économique qui se développe (capitalisme) grâce à "l'esprit de l'époque".
Or, le protestantisme a toujours combattu avec âpreté la fainéantise. Liliane Crété l'a d'ailleurs largement expliqué dans son bouquin "Le protestantisme et les paresseux".
L'éthique du travail est une spécificité de la morale protestante. Luther et Calvin ont d'ailleurs condamné plus qu'à leur tour l'oisiveté pour des raisons théologiques relatives au salut et à l'action du croyant par rapport à son salut.
Luther et Calvin ont imposé cette éthique protestante du travail pour inviter les protestants à prouver leur foi.
"Ne pas vouloir travailler, c'est tenter l'Eternel"
D'ailleurs, encore aujourd'hui, nombre de familles protestantes n'ont pas la télévision chez elles. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que la télévision est un média direct et que l'homme est passif face à elle, au contraire du support papier.
De même, la mendicité est très très mal vue en Allemagne ou au Royaume-Uni car c'est un moyen passif de gagner de l'argent.
Le fait est que, sans règle morale forte, l'être humain est porté à la fainéantise et que c'est bien cette règle morale qui a conduit au progrès des connaissances humaines de 150 ans.
Pour continuer la petite histoire, ce sont les protestants puritains émigrés aux US qui ont fait de la valeur travail une valeur cardinale de la société américaine et qui ont paradoxalement conduit à la création du mouvement hyppie et au libertarisme.
Les puritains ont créé une société américaine où le seul objectif était la réussite professionnelle individuelle censée conduire au bonheur au prix d'une société très centrée sur l'individu. Le mouvement hyppie est venu s'opposer à toutes cette idée de bonheur à travers le travail, à travers la réussite professionnelle... et a conduit au libertarisme.
Ce mouvement de libertarisme qui traverse nos sociétés et qui est, en France, particulièrement visible dans l'éducation est une réaction à l'éthique protestante du travail.
Il est d'ailleurs tout à fait symptomatique que l'une des grandes critiques de l'éthique protestante du travail ait été formulée par Jacques ELLUL, 68ard, libertaire parmi les libertaires.
Pour synthétiser, mon propos est tout à fait dans le sujet. On parle des dérives de l'éducation, conséquence directe du libertarisme. On en arrive au fait que le libertarisme est un mouvement de réaction directe à l'éthique protestante du travail, qui a pu conduire au gigantesque mouvement de progrès des connaissances humaines que nous observons depuis 1850... mais aussi au nihilisme.
Nous sommes dans une époque où l'homme n'est plus contraint par une règle morale forte, puisqu'il n'est plus contraint du tout.
Ma conclusion, avec l'appui de l'histoire, est que ceci conduira à une stagnation voire une régression des connaissances humaines et au retour d'un homme paresseux.
Je pense que les faits parlent actuellement pour moi: recul massif de la lecture, maîtrise du français en recul net, substitution de la culture (téléréalité, sport..) à la Culture (littérature, philosophie..) sur fond d'égalitarisme culturel...
Dernière modification par lespaul (2017-01-06 11:48:13)
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Excuse-moi, Lespaul, de ne pas avoir lu Nietzsche, Deleuze, Bairoch, Crétée, Ellul ou toutes tes autres références. Personnellement, le name dropping ne m'est jamais apparu comme l'argument ultime permettant de clore un débat, notamment parce qu'il revient à citer principalement les auteurs confortant chaque intervenant dans ses propres positions.
Sur les arguments, je reconnais bien volontiers en avoir moins en magasins que toi, ce qui ne m'empêche toutefois pas de ne pas partager ton avis.
Que la religion protestante ait fait du travail une de ses valeurs cardinales, pourquoi pas. Que le développement du capitalisme ait suscité un essor des échanges, soit. Que la conjugaison des deux ait généré un "phénomène d’accélération sociale et économique", pas de problème. En revanche, je ne te suis pas sur ta "règle morale forte" et ton "être humain […] porté à la fainéantise". Ou alors, définis ce qu'est une "règle morale". De ce que tu écris, je comprends que morale et religion (puritanisme ou protestantisme au moins) ne font qu'un. Es-tu certain que nous ayons besoin d’être menacés de la damnation éternelle pour avancer ? Penses-tu que ce tu tiens pour une vérité absolue en occident soit aussi applicable en orient ? De même, peut-on déduire de ton raisonnement que le soit-disant train-train dans lequel vivotaient les européens jusqu’au 19ème siècle s’explique par une indécrottable fainéantise liée à une absence de « morale forte » ? Peux tu me dire ce qu’est le « retour d’un homme paresseux » ? Ne serait-ce pas plutôt les conséquences du progrès sur la vie quotidienne qui aboutiraient à l’avènement d’une ère de la facilité ? Est-ce être fainéant ou malin que d'aller chez le boucher deux fois par semaine plutôt qu'à la chasse tous les matins ?
Par ailleurs, es-tu si sur qu’il y a un recul massif de la lecture ? Lit-on moins ou moins bien ? Dans ta hiérarchisation de la culture, où places-tu les nouvelles formes d’expression que sont, par exemple, les séries ou les jeux vidéos ? De qui parles-tu lorsque tu écris que " l'homme n'est plus contraint par une règle morale forte, puisqu'il n'est plus contraint du tout"?
A mon sens, la facilitation de l'accès à la connaissance et le foisonnement d'information qui l'accompagne (principaux marqueurs contemporains du "progrès") auront paradoxalement pour effet de confirmer (voire de renforcer) la structuration séculaire de la société, à savoir des "insiders" minoritaires (une "élite") toujours plus connectés, mieux formés et capables de traiter et trier le flux permanent d'information auxquels ils ont accès, face à des "outsiders" majoritaires, également connectés et bénéficiant (ou pouvant bénéficier) des mêmes infos brutes, mais ne possédant pas les outils de base nécessaires à leur bonne appréhension. Le problème n'est donc pas tant l'"égalitarisme culturel" que le défi posé par cette ère de "post vérité". En gros, le débat opposant la morale protestante au libertarisme est déjà dépassé, notamment parce que la question n'est plus de savoir ce qui est bien ou mal, autorisé ou interdit, mais uniquement ce qui est vrai ou faux.
Finalement, la grande chance de Platon, Saint-Thomas d’Aquin, Thomas Moore, Kant, Hugo, Einstein, Camus, Barthes, Foucault et consorts n’était-elle pas de ne pas avoir connu Facebook et la TNT ?
Dernière modification par Raymundo Menech (2017-01-06 14:20:58)
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Pour vous répondre CeCe et beria au milieu de ce champ de bataille, je ne regrette absolument pas de m'être barré, l'atmosphère y était irrespirable j'aurai fini par craquer pour de bon. J'y ai bien réfléchi ne vous en faites pas.
Du coup maintenant, j'aurai bien aimé être intégré dans l'instruction publique comme le dit Franz, mais je vais plutôt me diriger soit pour être formateur pour des adultes, soit, rien à voir, faite une formation pour faite du shiatsu... Je vous laisse chercher ce que c'est bande de feignants.
Je me laisse un peu de temps pour y réfléchir, et fais des extras dans un resto en attendant. Pas facile la reconversion...
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putain aprés les arabic ,les protestants.....
une Heineken, oui ............mais une CUP !!! ™© ®
je ne me suis jamais trouvé très beau ...............les autres non plus !!
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