#1 2016-03-22 09:12:46

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Commissaire politique
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Andy Goode - article sur Le Monde

« Des brocolis et du poisson au petit dej, et puis quoi encore ? Je suis rugbyman, moi. Je pèse 103 kilos pour 1,82 m. Quand je jouais à Worcester, un nutritionniste m’avait suggéré ce menu. Je lui ai dit qu’il n’en était pas question. De toute ma carrière, je n’ai jamais fait attention à ce que je mangeais. Je ne connais pas mon indice de masse grasse et ça m’est complètement égal. Pendant ces quinze années au plus haut niveau, y compris international, j’ai su me reposer et profiter de la vie.

Quand j’ai décidé de prendre ma retraite, en août 2015, à 35 ans, j’étais vraiment content. C’est devenu un truc tellement sérieux, le rugby. Avant, il y avait plein de personnages, des gars impayables. Les jours de match, ils donnaient tout ce qu’ils avaient, mais ils faisaient aussi la fête et s’amusaient. A mes débuts, en 1998 – deux ans après le passage au professionnalisme –, j’étais chez les Leicester Tigers, la meilleure équipe d’Angleterre à l’époque. Il n’y avait pas de nutritionniste, et un seul entraîneur physique. Maintenant ils sont sept ou huit. Bref, la vie de rugbyman professionnel est beaucoup moins détendue. Pourtant j’y suis revenu en janvier, avec mes kilos superflus.

« Tous les matins, on doit remplir un formulaire, en se donnant des notes sur 10. Je me mets toujours 10 pour l’alimentation parce que je suis toujours content de ce que je mange ! »

En décembre, j’étais en train de promener mon chien quand j’ai reçu un appel de Dean Richards, l’ancien entraîneur de Leicester, aujourd’hui directeur du rugby à Newcastle. Il m’a demandé si je voulais sortir de ma retraite pour remplacer l’un de leurs joueurs blessés. J’ai d’abord rigolé de sa proposition. Et puis, je me suis dit :  “pourquoi pas ?” Quand je suis revenu sur les terrains, en janvier, je ne m’étais entraîné que deux semaines. Je n’étais évidemment pas au sommet de ma forme ! Depuis, j’y travaille, à ma façon.

Tous les matins, en arrivant au club, on doit remplir un formulaire, en se donnant des notes sur 10 : combien d’heures a-t-on dormi ? Quelle était la qualité de notre sommeil ? Quel est notre niveau d’énergie ? Quelle était la qualité nutritionnelle de notre alimentation au cours des dernières vingt-quatre heures ? Je me mets toujours 10 pour l’alimentation parce que je suis toujours content de ce que je mange !

Le mercredi, c’est jour de repos, sans entraînement. Mais plein de joueurs en profitent pour aller lever de la fonte. Je ne les comprends pas. L’idée, c’est de se reposer : si la seule chose à laquelle on pense, c’est le rugby, on finit par craquer. Moi, j’ai ma fille, Grace. Le matin, je l’emmène à l’école. Grace est née quand j’étais encore très jeune. Elle a 12 ans aujourd’hui et c’est elle qui a dicté ma vie en dehors du rugby. Ça m’a toujours aidé d’avoir une autre priorité.

« TROP DE FORCE PURE »

Au Royaume-Uni, les joueurs sont beaucoup plus cadrés qu’en France, que je connais pour avoir joué à Brive pendant deux ans (de 2008 à 2010). Résultat, il y a un manque total de leadership parce qu’on a toujours contrôlé leurs moindres faits et gestes. En France, c’est le contraire, les joueurs font ce qu’ils veulent. Ce qu’il faudrait, c’est un équilibre entre les deux.

Je crois que le rugby a dévié de ses origines, aujourd’hui le sport est beaucoup trop concentré sur la force pure. Il y a plein de gym monkeys (des monstres de salles de gym), des types ultraforts, dont la compréhension du jeu est parfois limitée. Ils ont d’énormes pectoraux et des épaules larges, mais il faut quand même qu’ils se passent le ballon et l’attrapent. Dans le jeu tel qu’on le pratique désormais, on mesure les données de chaque joueur : son rythme cardiaque, sa distance parcourue sur le terrain, tout est enregistré, mesuré, décortiqué… C’est sûrement très utile, mais je crois que cela porte atteinte à la sensation et à la compréhension du jeu. On se base trop sur les chiffres. Moi, je refuse de porter un GPS sur mon maillot.

« Il faut souder les joueurs, sinon, on se retrouve dans un environnement stérile. D’ailleurs, Eddie Jones, le sélectionneur du XV d’Angleterre, a dit qu’il voulait voir les joueurs boire ensemble. »

Comme je joue demi d’ouverture, numéro 10, mon job consiste à organiser les stratégies, privilégier tantôt le jeu de passes, tantôt la force physique ou des coups de pied de déplacement, selon les circonstances. A ce poste, il s’agit surtout de bien se positionner sur le terrain, de savoir anticiper, imaginer ce qu’il pourrait se passer deux ou trois passes plus tard. Bref, remporter la bataille tactique. C’est ce que j’essaie d’appliquer avec les Newcastle Falcons. Je ne fais pas des sprints permanents. Pendant un match, je passe beaucoup de temps à l’arrière du terrain, à regarder comment se déroule le jeu. Pour ça, pas besoin de courir d’un côté à l’autre du terrain comme un fou. Et pour l’instant, il n’y a pas d’appareil qui mesure l’activité du cerveau !

Quand on a gagné notre premier match à Newcastle, en janvier, on a fêté la victoire. J’ai regardé l’entraîneur : “Mais où est la bière ?” Il a compris, il est allé chercher un fût au bar. C’est important de partager une pinte au sein de l’équipe.

Beaucoup de joueurs ne veulent plus boire parce qu’ils s’inquiètent du qu’en-dira-t-on, de ce que pensera l’entraîneur. Je suis complètement en désaccord avec ça. Il faut souder les joueurs, sinon, on se retrouve dans un environnement stérile. D’ailleurs, Eddie Jones, le nouveau sélectionneur du XV d’Angleterre, a dit qu’il voulait voir les joueurs boire ensemble. Avec Stuart Lancaster, son prédécesseur, c’était impossible, il était tellement strict. Je crois que ça a joué un rôle dans l’élimination précoce des Anglais lors de la Coupe du monde de 2015.

Quand j’étais à Leicester et qu’on gagnait un match à l’extérieur, Martin Johnson, le capitaine, allait acheter des fish and chips et des bières pour tout le monde. Sur le chemin du retour, on s’arrêtait dans un pub et après, on continuait à boire dans le bus. Créer un bon environnement entre les joueurs, c’est primordial. Je suis de la vieille école : pour célébrer une victoire, il faut des bières ! »

Par Eric Albert (Londres, correspondance)


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#2 2016-03-22 10:02:28

letarmo
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Re : Andy Goode - article sur Le Monde

C'est vraiment très intéressant, ce vécu.
Je me demande bien comment situer les comportements des joueurs français, sachant que par ailleurs les anglais nous dominent plutôt actuellement.
Curieux paradoxe si on pense que la méthode décriée par Andy hausse le niveau des anglais (ou pas).

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#3 2016-03-22 18:36:23

christian
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Re : Andy Goode - article sur Le Monde

Bin chez nous le car à fait une pause à Toulouse il n'y à pas si longtemps,on à vu le résultat il suffit de un ou deux fadas dans l'équipe pour que ça parte en sucette......


De retour dans mon beau pays après 40 ans d'absence
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#4 2016-03-23 11:12:47

franz
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Re : Andy Goode - article sur Le Monde

Me plait bien cette philosophie smile

Décidément un bon gars le Andy.


Les glaçons? Des petits cubes d'eau gelée.

On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher.

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#5 2016-03-23 12:39:45

letarmo
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Re : Andy Goode - article sur Le Monde

C'est clairement plus proche de la bonne veille tradition de chez nous wink
mais y a des ceusses qui veulent que ça change !

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